Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/57

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d’autant plus précieuses, qu’elles sont rares. Il n’a peint que les environs d’Amsterdam ; mais il les a copiés avec sentiment et fidélité, et l’on ne trouve point dans les tableaux des peintres de son pays, une poésie aussi touchante que celle qu’il a mise dans les siens ; ils inspirent une douce mélancolie : cela vient, sans doute, de la sensibilité de son âme, de son choix dans les objets qu’il imitoit, et peut-être de la couleur sombre de presque tous ses verts. Plusieurs fois, il a peint les tombeaux des juifs d’Amsterdam : ces demeures silencieuses, environnées d’arbres, en portant l’esprit à la tristesse, plaisent aux yeux par l’unité, la simplicité de leurs formes, et par l’harmonie de leur couleur.

On ne voit point dans ses tableaux les sites fiers et terribles des pays de montagnes, on n’y voit point de pompeux édifices, ni les nobles débris d’une belle architecture ; jamais de colonnes brisées, de chapiteaux renversés, de tristes souvenirs d’une grandeur évanouie ; on y voit des terrains gras, couverts d’herbes abondantes ; on y voit la couleur forte et harmonieuse de la nature, la vapeur de l’air, l’éclat de la lumière ; on y retrouve les modestes habitations d’un peuple sage et riche par son industrie.