Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/66

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ANNIBAL CARRACHE.


La Lombardie s’enorgueillit, avec raison, du savant Annibal Carrache. La peinture marchant rapidement vers la décadence, s’écartoit à Rome de la route que Raphaël et Michel-Ange lui avoient tracée ; il la ramena dans le chemin du vrai et du beau. Les élèves de Raphaël avoient prouvé qu’on dégénère bien vite en se traînant sur les traces même des plus grands talens. On ne peut marcher sans de bons principes ; mais on tombe bientôt, lorsqu’on n’est soutenu que par eux, et qu’on peut oublier que le but de l’art est la vérité : les règles ressemblent à Saturne, elles dévorent leurs enfans. L’École célèbre des Carrache à Bologne, en cherchant, par des routes nouvelles, l’imitation de la nature, en montrant toutes les belles connoissances qui conduisent à la perfection de la peinture, eut beaucoup de renommée dans toute l’Italie. Là, se formèrent le Guide, le Dominiquin, l’Albane, Lanfranc, et d’autres encore. Désigné par sa réputation, Annibal fut appelé à Rome pour peindre la galerie du palais Farnèse. Son rare talent y prit une