Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/84

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gues robes blanches, ces physionomies austères et pénitentes, formées par l’habitude de la retraite, de la méditation et de la prière. Les Chartreux qu’il nous a fait connoître sont tous d’aimables, de vertueux solitaires, et il a su donner des charmes à la pénitence, des grâces à l’austérité. Cet ouvrage rappelle tout ce qui paroissoit beau aux âmes foibles et sensibles dans la vie monastique ; l’absence de tous les soins fatigans du monde ; le mépris de mille biens frivoles, si chèrement achetés ; le calme rendu aux amans malheureux ; la paix d’une âme pure, bien remplie de l’espoir d’une éternelle félicité : il offre ce que désirent tous les hommes au milieu même de leurs rêves ambitieux, un abri contre les orages des passions, un port après de longues tempêtes. Dans cette suite de compositions, toutes remplies de l’esprit des objets qu’elles représentent, on distingue celle où trois Anges apparoissent à Saint Bruno endormi ; celle encore où il lit une lettre que vient de lui apporter un courrier, et principalement le tableau de sa mort, chef-d’œuvre d’ordonnance, d’expression et d’effet de lumière ; la sévère nudité du lieu de la scène, les Religieux de différens âges en proie à la douleur, les cierges funèbres, ce triste béni-