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Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/102

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M. B… nous montre d’abord le musée ; j’en ai parlé à la fin de mon Voyage aux Pyrénées ; il est charmant. C’est un ancien cloître ; deux cours avec des arcades qui font un promenoir carré, séparé de la cour par des piliers en trèfle. Ces cours sont pleines d’arbustes du plus beau vert, et les galeries ont des toits de tuiles rouges ; au delà monte une haute tour en briques, ornementée de petites fenêtres cintrées avec des colonnettes. — Ce rouge debout, solide, dans le magnifique bleu du ciel, réjouit le cœur. — Nous remarquons que le gothique du Nord ne s’est jamais véritablement établi ici. Voyez la collection des églises italiennes ; rien de triste, de douloureusement fantastique. Le gothique lui-même y est transformé, pacifié, tourné vers la beauté vraie et presque saine.

La grande curiosité de la ville est Saint-Sernin, église romane du XIe siècle, « la plus belle de France », dit M. B… (c’est un homme du monde, mais la passion, l’orgueil involontaire et aimable de l’antiquaire, percent sous sa modestie obligée). En effet, cette église est vaste et curieuse, d’un style pur ; on travaille à la restaurer. C’est