Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/186

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riches ne se sont pas contentés de cela ; ils sont allés dans un magasin latéral faire provision d’un assortiment de cierges plus complet.

Il y a deux reliques et l’empreinte du pied de Jésus-Christ apparaissant à la sainte ; les deux statues sont coloriées ; quantité de sous ou pièces de deux sous jetés à travers la grille ; tous les matins, dit-on, on jette quelques sous pour amorcer. Au fond de l’église est la crypte, très basse, très obscure, une vraie nuit d’un noir terrible et lugubre, sous une voûte écrasée, percée de lourdes baies cintrées ; on tâtonne des mains, on pose le pied sans savoir où, dans les ténèbres de cette humidité sépulcrale. Le tombeau est une pesante pierre creusée, exhaussée au-dessus du sol, sombre et brune, marbrée de reliefs barbares ; il est presque invisible, tant il est rejeté dans la noirceur par la profusion et le contraste des cierges toujours brûlant ; des ex-voto, des portions de poupées, des membres de cire sont plantés entre les cierges ; la fumée chaude monte en rampant sur les voûtes ; l’épaisse odeur de la cire se mêle à l’odeur de cave. C’est vraiment