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Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/274

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navire laissé par le flux gît penché sur la vase. Ses agrès noirs sont le seul objet net qui se détache dans ce ciel brouillé de vapeurs mourantes, sur ces lointains inégaux où le vert incertain des ajoncs, des bruyères et des genêts, les rares têtes d’arbres, se noient dans une brume changeante qui tantôt grésille, égouttée par les nuages, et tantôt luit comme un feu follet, traversée fugitivement par un rayon de soleil. — Un grand marais de vase fume, abandonné par la marée basse, et le limon visqueux luit de reflets noirâtres. — La vieille eau du chenal tortueux elle-même est noirâtre et dort avec un air malsain dans le silence du port désert.