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DE NANTES À ANGERS


Seul dans le compartiment ; — trois des plus douces heures que j’aie passées depuis longtemps.

Au sortir de la Bretagne, l’esprit rempli de ces paysages trop humides, terrains maigres parsemés d’eau stagnante, mince croûte de terre sur une assise de vieux roc, verdure mouillée tachée de sarrasin blanchâtre, cahutes de boue, chaumières misérables, figures amaigries, pâles, mystiques ou idiotes, corps et têtes rentassés, vieux sauvages du XVIe siècle, on entre dans le pays de l’abondance et de la volupté pacifique. — La Loire paresseuse suit à droite le chemin de fer, largement épandue, bleue, unie comme