Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/327

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bâtissait des cités d’un coup comme aujourd’hui, par accumulation de capitaux et concentration administrative.

Le palais du préfet, qui s’achève, coûtera une dizaine de millions. — Les rues sont plus larges qu’à Paris ; leur différence de niveau, la hauteur des collines qu’elles couvrent, les énormes platanes branchus qui partent sur quatre rangs en vingt allées, les ruisseaux d’eau blanche courante qui descendent de toutes parts, surtout le port si vaste, qu’on double et qu’on triple, les larges constructions qui l’accompagnent, tout cela fait de Marseille une Liverpool du Midi.

Le premier soir, après dîner, par un beau ciel et un temps doux, l’impression est profonde. C’est une ville païenne de la décadence, comme Alexandrie, Antioche, Rome ou Carthage. Puissance immense d’une grande administration qui remue les pierres, bâtit des palais, les bosselle de sculptures, dérive des rivières, prodigue les magnificences ; boutiques, lumières, grands cafés dorés, théâtres ; vaisseaux, marchandises, entrepôts comblés, affluence