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LA FLÈCHE


Depuis le Mans, le pays est charmant, je suis venu de Noyen à la Flèche sur l’impériale de la diligence, parmi toutes sortes de verdures en bouquets, d’arbres épanouis, silencieux dans le calme du soir. Ici, sur le Loir, commencent les paysages de Touraine, le sourire voluptueux, la tiède caresse du climat tant aimé des Valois, les rivières tranquilles, si lentes sur leur sable, épandues, dormantes entre leurs herbes, avec des tortillons et des frétillements dans les remous. La rivière s’étale vers le pont, près d’un haut moulin qui a l’air d’une tour ; sous le doux soleil, il n’y a pas de glace plus souriante. Des feuillages légers, des peupliers aux feuilles déjà