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Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/40

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rente. Elle est sur le bord de la Sarthe, à cinquante pieds au-dessus, avec une terrasse bordée de murs, un large promenoir sous une charmille à gauche, de belles fleurs, des vignes, des glycines grimpantes le long de la maison, un beau figuier. Beaucoup de goût, de jolis arrangements et encadrements de verdure. Sur la droite, vue admirable : la Sarthe tourne et disparaît sous des massifs d’arbres, dans un lointain vert indistinct. Les Bénédictins ont bâti une haute tourelle coquette, à plusieurs étages, terminée par des créneaux ; ils y logent leurs hôtes. Ils disent qu’ils l’ont construite en 1848 pour occuper les ouvriers ; ils y avaient dernièrement vingt-deux hôtes. Le frère qui nous accompagne a des façons d’homme du monde. « Si vous voulez nous faire l’honneur de partager notre dîner » … En somme, ce ne sont pas des ascètes.

Il nous conduit dans le promenoir, sous des arcades blanchies à la chaux ; on tourne ainsi autour d’un massif de verdure. Çà et là, on rencontre des Pères, presque tous lisant, quelques-uns d’une belle figure maigre et pâle. —