Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/50

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une espèce de cuirasse lézardée en vieilles ardoises ébréchées, salies, branlantes. Impossible d’énumérer les formes ; c’est le pêle-mêle le plus bizarre ; quelques-unes ont une sorte de chapeau pointu comme au XVe siècle ; d’autres se dressent en tourelles, d’autres sont courtes et écrasées ; elles se présentent de face, de flanc, de toutes façons. Partout la petite fenêtre à guillotine, à petits carreaux sales ; pour s’abriter de la pluie, les plus hautes ont une sorte de paravent en ardoises qui avance, soutenu par deux poutres. On aperçoit des escaliers vermoulus, obscurs, d’où sortent de mauvaises odeurs ; par la pluie et sous les grands nuages, cela fournirait des motifs à un peintre.

Quelques traces de piété lourde et de recrudescence catholique ; une énorme croix de bronze portée sur une boule dorée, avec un gros piédestal de granit, élevée en 1817 ; un mandement emphatique sur la dégénérescence des caractères et la noblesse du Breton ; ces gémissements d’évêque qui foudroie la civilisation moderne, finissent par la permission de manger des œufs.