Page:Taine - Essai sur Tite Live, 1888.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

parfois inférieurs à quelques paroles originales qui nous sont parvenues d’ailleurs[1] dans leur primitive rudesse, ces discours peuvent être chez lui souvent une heureuse parure de la narration : ils n’en sont pas la substance et l’âme ; ils laissent dans toute sa supériorité originale un autre et plus constant mérite de l’historien, le naturel éclatant du récit, la vérité des caractères et des peintures, cette passion dans la parole, enfin, qui est la vie nouvelle des temps anciens ressuscites pour l’avenir ; c’est en cela, c’est par là que le récit de Tite Live, sans être trop oratoire, est admirablement éloquent, est l’éloquence même, aussi grande que ce qu’elle raconte, aussi grande que Rome. Félicitons cependant l’auteur, M. Taine, de ce noble et savant début dans les lettres classiques ; et souhaitons de tels candidats à nos concours et de tels maîtres à la jeunesse de nos écoles.

  1. Vid. in Aul. Gell., Noct. Attic., lib. IV. c. 18