Page:Taine - Essai sur Tite Live, 1888.djvu/278

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Dans celte dernière plirase, Tile Live plaide d’avance pour Fabius. La première est un exorde qui annonce et résume tout le récit. Cicéron n’eût pas désavoué la grande période qui expose si longuement les raisons de Fabius et exagère la négligence des Samnites. Lisez six lignes de suite dans Tite Live ; involontairement la voix s’élève, vous prenez le ton soutenu, vous dé fendez une cause, et vous prononcez un discours.

« Le maître de la cavalerie, comme il est naturel dans un si grand carnage , ayant conquis beaucoup de dépouilles, rassembla en un grand monceau les armes de l’ennemi, y mit le feu et les brûla, soit qu’il eût fait un vœu à quelque dieu, soit, si l’on en veut croire le témoignage de Fabius, pour empêcher le dictateur de prendre le fruit de sa gloire , d’y inscrire son nom ou de porter les dépouilles à son triomphe. D’ailleurs la lettre dans laquelle il annonçait sa vicloire. adressée au sénat, non au dictateur, montrait qu’il ne voulait nullement lui faire part de sa gloire. »

Tite Live, ici, justifie le dictateur, un peu auparavant le maître de la cavalerie ; il explique et raisonne. Son récit n’est pas la narration pure ; cet enchaînement est d’un orateur. Puis aussilùl la passion déborde, et avec elle l’éloquence.