Page:Taine - Essai sur Tite Live, 1888.djvu/287

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toute la foule des premiers de l’État. Comme il était monté à la tribune aux harangues, Papirius lui ordonna de descendre en un lieu moins élevé. Son père le suivit en disant : « Tu fais bien de « nous faire descendre à une place où, simples « particuliers, nous pourrions encore élever la « voix. » Là, d’abord, «on entendit moins des discours suivis que des altercations. Le bruit fut enfin dominé par la voix et l’indignation du vieux Fabius, qui reprochait à Papirius sa tyrannie et sa cruauté : lui aussi avait été dictateur à Rome, et n’avait maltraité personne, ni homme du peuple, ni centurion, ni soldat. Pour Papirius, il demandait la victoire et le triomphe sur un général romain. Quelle différence entre la modération des anciens et la cruauté et la tyrannie d’aujourd’hui ! Le dictateur Q. Cincinnatus, après avoir délivré d’un siège le consul Minucius, pour toute peine l’avait laissé lieutenant dans l’armée au lieu de consul. M. Furius Camille, quoique L. Furius, méprisant sa vieillesse et ses conseils, eût livré bataille avec l’issue la plus honteuse, non-seulement avait si bien retenu sa colère sur le moment qu’il n’avait rien écrit contre son collègue, ni au peuple, ni au sénat ; mais encore de retour à Rome, le sénat lui ayant donné le choix d’un collègue, il l’avait choisi entre tous les tribuns consulaires pour l’associer à son comman-