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LIVRE II. LA RENAISSANCE.

kespeare. Chez le prédicateur comme chez le poète, comme chez tous les cavaliers et tous les artistes de l’époque, l’imagination est si complète qu’elle atteint le réel jusque dans sa fange, et l’idéal jusque dans son ciel.

Comment le vrai sentiment religieux a-t-il pu s’accommoder d’allures si mondaines et si franches ? Il s’en est accommodé pourtant ; hien mieux, elles l’ont fait naître : chez Taylor, comme chez les autres, la poésie lihre conduit à la foi profonde. Si cette alliance aujourd’hui nous étonne, c’est qu’à cet endroit nous sommes devenus pédants. Nous prenons un homme compassé pour un homme religieux. Nous sommes contents de le voir roide dans un habit noir, serré dans une cravate blanche et un formulaire à la main. Nous mettons la piété dans la décence, dans la correction, dans la régularité permanente et parfaite. Nous interdisons à la foi tout langage franc, tout geste hardi, toute fougue et tout élan d’action ou de parole ; nous sommes scandalisés des gros mots de Luther, des éclats de rire qui secouent sa puissante bedaine, de ses colères d’ouvrier, de ses nudités et de ses ordures, de la familiarité audacieuse avec laquelle il manie son Christ et son Dieu^ Nous ne voyons pas que ces libertés et ces abandons sont justement les

. « Lorsque Jésus-Christ est né, il a pleuré et crié connue un autre enfant. Marie a dû le soigner et veiller sur lui, l’allaiter, lui donner à manger, l’essuyer, le tenir, le porter, le coucher, etc., tout comme une mère fait pour son enfant. Ensuite il a été soumis à ses parents : il leur a souvent porté du pain, de la boisson et autres objets. Marie lui aura dit : « Mon petit Jésus, où as-tu été ? Ne « peux-tu donc pas rester tranquille ? » Et lorsqu’il aura grandi, il aura aidé Joseph dans son état de charpentier. » (Tischreden.) Paroles à Cadostad : « Tu crois apparemment que l’ivrogne Christ, ayant trop bu à souper, a étourdi ses disciples de paroles superflues. »