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OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME


rents et grossiers, elle a presque tari la seconde, l’impôt indirect. À présent, puisqu’il faut remplir le Trésor vide, il s’agit d’opérer sur la seconde comme sur la première, de la recueillir à nouveau, de l’aménager doucement et sans perte, et le nouveau gouvernement s’y prend, non plus comme l’ancien, en empirique routinier et brutal, mais en ingénieur, en calculateur, en connaisseur du terrain, des obstacles, de la pente, c’est-à-dire de la sensibilité humaine et de l’imagination populaire[1]. — Et d’abord, plus de ferme : l’État ne vend plus ses droits sur le sol ou les boissons à une compagnie de spéculateurs, simples exploitants, confinés dans l’idée de leur bail temporaire et de leurs rentrées annuelles, uniquement préoccupés de leurs dividendes prochains, attachés sur le contribuable comme des sangsues, invités à le sucer en toute licence, intéressés, par les amendes qu’ils touchent, à multiplier les procès-verbaux et à inventer des contraventions, autorisés par un gouvernement besogneux qui, vivant de leurs avances, met la force publique à leur service et livre le peuple à leurs exactions. Dorénavant le fisc perçoit lui-même,

  1. Gaudin, duc de Gaëte, Mémoires, I, 215-217. — L’avantage de l’impôt indirect est très bien expliqué par Gaudin. « Le contribuable ne l’acquitte que lorsqu’il en a la volonté et les moyens. D’autre part, les droits perçus par le fisc se confondant avec le prix de la denrée, le contribuable, en payant sa dette, n’a pensé qu’à satisfaire un besoin ou à se procurer une jouissance. » — Décrets des 16 et 27 mars et 4 mai 1806 (sur le sel), du 25 février 1804, du 24 avril 1806, du 25 novembre 1808 (sur les boissons), du 19 mai 1802, du 6 mars 1804, du 24 avril 1806, du 29 décembre 1810 (sur le tabac).