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OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME


sont punies sous le Consulat[1], bientôt conduits à faire de nécessité vertu, à se glorifier intérieurement de leur rectitude forcée, à se croire une conscience, par suite à acquérir une conscience, bref à s’imposer volontairement la probité et l’exactitude par amour-propre et point d’honneur. — Pour la première fois depuis dix ans, les rôles nominatifs de l’impôt sont dressés et entrent en recouvrement dès le commencement de l’année[2]. Avant 1789, le contribuable était toujours en

    leux… La plupart des receveurs de la République sont des chefs, des souteneurs de banques. » — (Circulaire du ministre des finances, 25 floréal an VII.) « Agiotage effréné, auquel un grand nombre de percepteurs se livrent sur les bons de rente et autres valeurs admises en payement des contributions. » — (Rapport de Gros-Cassan-Dorimond, 19 septembre 1799). « Parmi les agents corruptibles et corrupteurs, il n’y a que trop de fonctionnaires publics. » — Mollien, Mémoires, I, 222 (En 1800, il vient d’être nommé directeur de la caisse d’amortissement) : « Le compliment banal que je recevais partout (et même des hommes d’État qui affectaient la morale la plus austère) était celui-ci : Vous êtes bien heureux d’avoir une place dans laquelle on peut légitimement faire la plus grande fortune de France. » — Cf. Rocquain, État de la France au 18 Brumaire (Rapports de Lacuée, Fourcroy et Barbé-Marbois).

  1. Charlotte de Sohr, Napoléon en Belgique et en Hollande, 1811, I, 243 (Sur un haut fonctionnaire condamné pour faux et que Napoléon maintenait au bagne, malgré toutes les sollicitations) : « Je n’accorderai jamais de grâces aux dilapidateurs des deniers publics… Ah ! parbleu ! le bon temps des fournisseurs reviendrait de plus belle, si je ne me montrais inexorable pour ces honteux délits. »
  2. Stourm, les Finances de l’ancien régime, I, 177 (Rapport de Gaudin, 15 septembre 1799) : « Il reste encore des rôles à faire pour l’an V, et un tiers de ceux de l’an VII est en retard. » — (Rapport du même, 1er  germinal an X) : « Tout était à faire, à l’avènement du Consulat, pour l’assiette et le recouvrement des contributions directes ; 35 000 rôles de l’an VII restaient encore à former. À l’aide du nouvel établissement, les rôles de l’an VII ont