Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XIX
AVANT-PROPOS


nir des règles générales d’hygiène, M. Taine aurait-il suggéré des remèdes immédiats ? Cela n’est guère probable : mais certainement il n’était point partisan d’une décentralisation hâtive. Lorsque, sous l’influence d’un mauvais régime, un organisme a contracté un vice qui l’atteint jusque dans ses éléments, ce régime lui devient presque nécessaire[1] ; en tous cas il ne faut pas songer à le modifier tout d’un coup : on ne peut que tenter d’en atténuer par des expédients les effets pernicieux. Faisant la part à l’imprévu, s’entourant de réserves, notant quelques symptômes favorables qui l’avaient frappé, — par exemple une certaine renaissance sous la troisième république de l’esprit d’association, — laissant aux hommes politiques le soin « d’ajuster les moyens à la diversité et à la mobilité des choses », on peut croire que M. Taine se serait borné à indiquer dans quel sens il convient, avec prudence, de nous orienter. Pour cela, il lui suffisait, en posant les conditions de durée et de progrès des sociétés modernes, de résumer son diagnostic. En matière aussi vitale, personne n’ose parler à sa place. Aussi bien, si la conclusion n’est pas écrite,

  1. Sur cette idée, voyez tome X, livre IV, ch. II, § III à VIII.