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L’ÉCOLE


« la journée[1] » et toute la nuit ; hors du règlement, tout pas est un faux pas, toujours réprimé par l’autorité toujours présente. Et, en cas d’infraction, les châtiments sont sévères : « Selon la gravité des cas[2], les élèves seront punis d’une détention de trois jours à trois mois dans l’intérieur du lycée ou du collège, dans un local destiné à cet effet ; si les père, mère ou tuteur s’opposaient à ces mesures, l’élève leur sera remis, et ne pourra plus être reçu dans aucun autre lycée ou collège de l’Université » : ce qui, par l’effet du monopole universitaire, le prive désormais de tout enseignement, à moins que ses parents, assez riches, ne puissent lui donner un précepteur à domicile. « Tout ce que peut opérer une forte discipline, celle-ci l’obtient[3], et peut-être mieux en France que dans aucun autre pays » : car, si les jeunes gens qui sortent du lycée ont perdu l’usage de leur volonté propre, ils ont acquis « le goût de l’ordre, des habitudes de subordination et de ponctualité » qui manquent ailleurs.

Cependant, dans cette voie droite et tout entière tracée, tandis que la règle les maintient, l’émulation les pousse. En ceci, le nouveau corps universitaire qui, selon Napoléon lui-même, doit être une compagnie de « jésuites laïques », reprend à son compte le double procédé que ses devanciers, les anciens jésuites, avaient si bien employé dans l’éducation : d’une part, la direc-

  1. Hermann Niemeyer, Beobachtungen, etc., II, 339.
  2. Décret du 15 novembre 1811, article 77.
  3. Hermann Niemeyer, ib., II, 353.