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L’ANARCHIE SPONTANÉE


le feu à Paris soufflent aussi le feu en province. « Vous voulez connaître les auteurs des troubles », écrit un homme de sens au comité des recherches, « vous les trouverez parmi les députés du Tiers », et particulièrement « parmi ceux qui sont procureurs et avocats. Ils écrivent à leurs commettants des lettres incendiaires ; ces lettres sont reçues par les municipalités, lesquelles sont aussi composées de procureurs et d’avocats… On les lit tout haut sur la place principale, et des copies en sont envoyées dans tous les villages. Dans ces villages, si quelqu’un sait lire outre le curé et le seigneur, c’est un praticien, ennemi né du seigneur », dont il veut prendre la place, fier de sa faconde, aigri par sa pauvreté, et qui ne manque pas de tout noircir[1]. Très probablement, c’est lui qui rédige et fait circuler les placards par lesquels, au nom du roi, on appelle le peuple aux voies de fait. — À Secondigny, en Poitou, le 25 juillet[2], les ouvriers de la forêt ont une

    guisé, qu’il était l’auteur des troubles qui agitent en ce moment la province et qu’il était caché dans son château. » — Là-dessus, coups de fusil dans les vitres, perquisitions, etc.

  1. Archives nationales, D, XXIX, I. Lettre d’Étienne Fermier, Navenne, 8 septembre. (Il est possible que, par précaution, l’auteur ait pris un pseudonyme.) La correspondance manuscrite de M. Boullé, député de Pontivy, à ses commettants est un type de ces correspondances déclamatoires et incendiaires. — Lettre des curés, consuls, négociants, etc., de Puy-en-Velay, 16 septembre. — L’Ancien régime, t. II, 309, 310.
  2. Archives nationales, D, XXIX, 1. Lettre de M. des Prez de Montpezat, ancien officier d’artillerie, 24 juillet (avec plusieurs autres signatures). — Le même jour, tocsin dans cinquante villages, bruit que sept mille brigands, Anglais et Bretons, envahissent le pays.


  la révolution. i.
T. III. — 8