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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


France. Aussi bien le parlement de Bordeaux requiert des poursuites ; quatre-vingt-trois bourgs et villes signent des adresses et envoient à l’Assemblée nationale une députation extraordinaire pour demander que l’on continue les procédures commencées, que l’on punisse les coupables détenus, et surtout que l’on maintienne les prévôtés. — En réponse, l’Assemblée inflige l’improbation la plus rude au parlement de Bordeaux, et commence la démolition de tout l’ordre judiciaire[1]. Dès à présent, elle sursoit à l’exécution de tous les jugements prévôtaux. Quelques mois plus tard, elle obligera le roi à déclarer que les procédures instruites contre la jacquerie de la Bretagne seront regardées comme non avenues, et que les mutins arrêtés seront mis en liberté. Pour toute répression, elle expédie au peuple français une exhortation sentimentale, douze pages de fadeurs littéraires, qui semblent écrites par Florian pour ses Estelle et ses Némorin[2]. — Par une conséquence inévitable, aux alentours du brasier mal éteint, de nouveaux foyers s’allument. Dans le district de Saintes[3], M. Dupaty, conseiller au parlement de Bordeaux, après avoir épuisé les voies de douceur, avait fini par assigner ceux

  1. Moniteur, séance du 4 mars 1790. — Duvergier, Décrets du 6 mars 1790 et des 6-10 août 1790.
  2. L’adresse est du 11 février 1790. Cette pièce, d’un comique extraordinaire, suffirait pour faire comprendre toute l’histoire de la Révolution.
  3. Archives nationales, F7, 3203. Lettres du commissaire du roi, 30 avril et 9 mai 1790. — Lettre du duc de Maillé, 6 mai. — Procès-verbaux des administrateurs du département, 12 novembre 1790. — Moniteur, VI, 515.


  la révolution. ii.
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