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LA RÉVOLUTION


« Yonne, qui, par un écrit signé de lui, offre 100 francs et son bras pour être tyrannicide ». On consacre, par des bravos, par des applaudissements répétés et multipliés, par les félicitations du président, le scandale ou le ridicule des folies privées qui viennent s’étaler sous le couvert de l’autorité publique. On remercie et on fait asseoir sur les bancs de l’Assemblée Anacharsis Clootz, « Mascarille timbré, » qui propose la guerre universelle et colporte des cartes de l’Europe divisée d’avance en départements, en commençant par la Savoie, la Belgique, la Hollande, « et ainsi de suite jusqu’à la mer Glaciale[1] ». On complimente et l’on fait asseoir avec sa femme sur les bancs de l’Assemblée un vicaire de Sainte-Marguerite qui présente « sa nouvelle famille », et tonne contre le célibat du clergé[2]. On souffre que des attroupements

  1. Mercure de France, no du 5 novembre 1791. séance du 24 octobre. — Ib., no du 23 décembre. — Moniteur, XII, 192, séance du 21 avril 1792 ; XII, 447. Adresse de Clootz aux Français : « Dieu débrouilla le chaos primitif ; les Français débrouilleront le chaos féodal. Dieu est puissant et a voulu ; nous sommes puissants et nous voulons… Plus le théâtre de la guerre sera grand, plus le procès des plébéiens contre les nobles sera terminé promptement et heureusement… Il nous faut des ennemis… la Savoie, la Toscane, et vite, vite ! »
  2. Cf. Moniteur, XI, 192, séance du 22 janvier 1792. « M. Burnet, aumônier de la garde nationale, se présente à la barre avec une Anglaise nommée Lydda Kirkam et trois petits enfants, dont l’un est dans ses bras. M. Burnet annonce que cette femme est la sienne, et que l’enfant qu’elle porte dans ses bras est le fruit de leur amour. Après avoir rappelé la force des sentiments de la nature auxquels il n’a pu résister, le pétitionnaire continue ainsi : « Un jour, je rencontrai un de ces examinateurs sacrés. — Malheureux, me dit-il, qu’avez-vous fait ? — Un enfant, monsieur, et j’ai épousé cette femme, qui est protestante, et sa religion ne fait rien à la mienne »… « Ou la