Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 5, 1904.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


« les corps administratifs ont ordonné à tous les prêtres non assermentés de sortir dans trois jours de la ville et de se retirer à quatre lieues ? Est-ce dans la banlieue de Toulouse, où, le 28 août, un officier municipal a été pendu au réverbère à la suite d’une rixe à coups de fusil ? » Est-ce à Paris, où, le 25 septembre, le collège des Irlandais, vainement protégé par un traité international, vient d’être assailli par la populace, où les catholiques qui entendaient la messe orthodoxe ont été chassés et traînés à la messe de l’assermenté voisin, où une femme a été arrachée du confessionnal, et une autre femme fouettée à tour de bras[1] ?

Ces troubles, disait-on, sont passagers ; une fois la Constitution promulguée, l’ordre se rétablira de lui-même. — Eh bien, voici la Constitution achevée, acceptée par le roi, proclamée, confiée à la garde de l’Assemblée législative ; que l’Assemblée législative considère le tableau de ses premières semaines : Dans les huit départements qui entourent Paris, des émeutes presque à chaque marché, les fermes envahies et les cultivateurs

  1. Mercure de France, n° du 15 octobre 1792. (Le traité avec l’Angleterre était du 26 septembre 1786.) — Ib. Lettre de M. Walsh, supérieur du collège des Irlandais à la municipalité de Paris. Les fouetteurs sortaient d’un cabaret voisin. Le commissaire de police, qui arrive avec la garde nationale, « parle au peuple et lui promet satisfaction », somme M. Walsh de faire sortir tous ceux qui sont dans la chapelle, sans attendre la fin de la messe. — M. Walsh allègue la loi et les traités. — Le commissaire répond qu’il ne connaît pas les traités, et le commandant de la garde nationale dit aux personnes qui sortent de la chapelle : « Au nom de l’homme de justice, je vous somme de me suivre à l’église Saint-Étienne, ou je vous abandonne au peuple. »


  la révolution. iii.
T. V. — 10