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LA RÉVOLUTION


rançonnés par des bandes de vagabonds, le maire de Melun criblé de coups et tiré tout sanglant des mains de la populace[1] ; à Belfort, une insurrection pour retenir un convoi d’argent et le commissaire du Haut-Rhin en péril de mort ; à Bouxwiller, les propriétaires attaqués par la garde nationale indigente et par les soldats du Salm-Salm, des maisons forcées et des caves pillées ; à Mirecourt, un rassemblement de femmes qui battent le tambour et, trois jours durant, tiennent l’hôtel de ville assiégé. — « Un jour, c’est Rochefort en émeute et les ouvriers du port forçant la municipalité à reployer son drapeau rouge[2]. Le lendemain, c’est le peuple de Lille qui ne veut point troquer son argent et ses assignats contre ces chiffons de papier qu’on appelle billets de confiance, qui s’attroupe, menace, et dont une garnison entière est obligée de prévenir l’explosion. » Le 16 octobre, c’est Avignon au pouvoir des bandits et l’abominable boucherie de la Glacière. Le 5 novembre, à Caen, ce sont 82 gentilshommes, bourgeois, artisans

  1. La Révolution, IV, 114, 117. — Archives nationales, F7, 3185 et 3186. Documents très nombreux sur les violences rurales dans l’Aisne : — Mercure de France, nos des 5 et 26 novembre, 10 décembre 1791. — Moniteur, X, 426, 22 novembre 1791.
  2. Moniteur, X, 449, 23 novembre 1791. Procès-verbal de l’équipage de l’Embuscade, en date du 30 septembre. Le capitaine, M. d’Orléans, en station aux îles du Vent, a dû revenir à Rochefort et y est détenu à bord de son navire : « Vu l’incertitude de sa mission et la crainte d’être commandé pour exercer contre des frères les mêmes hostilités pour lesquelles il a déjà été dénoncé dans tous les clubs du royaume, l’équipage a exigé que le capitaine les ramenât en France. » — Mercure de France, n° du 17 décembre. Adresse des colons au roi.