Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 6, 1904.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
251
LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


couchés en joue ; le vieux Dusaulx est frappé, Boissy d’Anglas, pris à la gorge, rentre avec sa cravate et sa chemise en lambeaux. Pendant sept heures d’horloge, la Convention reste aux arrêts, et, lorsqu’elle a décrété l’éloignement de la force armée qui l’assiège, Henriot répond à l’huissier chargé de lui notifier le décret : « Dis à ton f… président que je me f… de lui et de son Assemblée, et que si dans une heure elle ne me livre pas les Vingt-Deux, je la fais foudroyer[1]. »

Dans la salle, la majorité, abandonnée par ses guides reconnus et par ses orateurs préférés, faiblit d’heure en heure. Brissot, Pétion, Guadet, Gensonné, Buzot, Salle, Grangeneuve, d’autres encore, les deux tiers des Vingt-Deux, retenus par leurs amis, sont restés chez eux[2], Vergniaud, qui est venu, se tait, puis s’en va ; probablement, la Montagne, qui gagne à son absence, a levé pour lui la consigne. Quatre autres Girondins qui restent à l’Assemblée jusqu’à la fin, Isnard, Dusaulx, Lanthenas et Fauchet, consentent à se démettre ; quand les généraux rendent leur épée, les soldats ne tardent pas à rendre les armes. Seul Lanjuinais, qui n’est pas Girondin, mais catholique et Breton, parle en homme

    pouvaient sortir même pour faire leurs besoins. » — Ib., 568. Lettre du député Loiseau.

  1. Buchez Roux, XXVIII, 44. Compte rendu de Saladin. — Meillan, 237. — Mortimer-Ternaux, VII, 547. Déclaration des députés de la Somme.
  2. Meillan, 52. — Pétion, Mémoires, 109 (édition Dauban). — Lanjuinais, Fragment, 299 : « Presque tous ceux qu’on appelait Girondins avaient jugé à propos de s’absenter. » — Lettre de Vergniaud, 3 juin (dans le Républicain français, du 5 juin 1793) : « Je sortis hier de l’assemblée entre une et deux heures. »