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LA RÉVOLUTION


de mort contre le cultivateur qui ne porte pas chaque semaine ses grains au marché. Peine de mort contre le marchand qui n’affiche pas le contenu de son entrepôt ou ne tient pas sa boutique ouverte. Peine de mort contre l’industriel qui ne justifie pas de la manipulation quotidienne de ses matières ouvrables. — Quant aux prix, nous intervenons d’autorité entre le vendeur et l’acheteur : pour tous les objets qui, de près ou de loin, servent à nourrir, abreuver, chauffer, blanchir, chausser et vêtir les hommes, nous fixons un prix extrême ; nous incarcérons quiconque offre ou demande au delà. Peu importe qu’à ce taux le marchand ou l’industriel ne fasse pas ses frais ; si, après l’établissement du maximum, il ferme sa manufacture ou abandonne son commerce, nous le déclarons suspect ; nous l’enchaînons à sa besogne, nous l’obligeons à perdre. — Voilà de quoi rogner les griffes aux bêtes de proie, grandes et petites. Mais les griffes repoussent, et peut-être, au lieu de les couper, vaudrait-il mieux les arracher tout à fait. Quelques-uns d’entre nous y ont déjà songé ; on appliquerait à tous les objets le droit de préemption ; « on établirait[1], dans chaque département, des magasins natio-

    accaparé et caché chez lui une grande quantité de pain, afin de faire naître la disette au sein de l’abondance. » — Il avait une gastrite, ne pouvait manger que de la panade, faite avec du pain deux fois cuit, et le boulanger, qui faisait exprès une fournée pour lui, lui livrait trente pains à la fois. (Wallon, II, 155.)

  1. Journal des débats de la Société des Jacobins, no 532, 20 brumaire an II (Plan du citoyen Dupré, présenté à la Convention par une députation de la Société des Arcis). — Dauban, Paris en 1794, 483 (Projet analogue au précédent, présenté au