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L’ANCIEN RÉGIME


du roi, les courtisans le font compatir à leurs peines. Ils sont ses familiers, les hôtes de son salon, des gens de race comme lui, ses clients naturels, les seuls avec lesquels il cause et qu’il ait besoin de voir contents ; il ne peut s’empêcher de les assister. Il faut bien qu’il contribue à doter leurs enfants, puisqu’il signe au contrat ; il faut bien qu’il les enrichisse eux-mêmes, puisque leur luxe sert à la décoration de sa cour. La noblesse étant un ornement du trône, c’est au possesseur du trône à le redorer aussi souvent qu’il le faudra[1]. Là-dessus quelques chiffres et anecdotes pris, entre mille, sont d’une rare éloquence[2]. — « M. le prince de Pons avait 25 000 livres de pension des bienfaits du roi, sur quoi Sa Majesté avait bien voulu en donner 6 000 à Mlle de Marsan, sa fille, chanoinesse de Remiremont. La famille a représenté au roi le mauvais état des affaires de M. le prince de Pons, et Sa Majesté a bien voulu accorder à M. le prince Camille, son fils, 15 000 livres de la pension vacante par la mort de son père, et 5 000 livres d’augmentation à Mme de Marsan. » — M. de Conflans épouse Mlle Portail : « En faveur de ce mariage, le roi a bien voulu que, sur la

  1. Marquis d’Argenson, Mémoires, 9 décembre 1751.

    « La dépense que font les gens de cour pour avoir deux habits neufs et magnifiques, chacun pour les deux jours de fête et cela par ordre du roi, achève de les ruiner. »

  2. Duc de Luynes, Journal, XIV, 147, 295 ; XV, 36, 119. — Marquis d’Argenson, Mémoires, 8 avril 1752, 30 mars et 28 juillet 1753, 25 juin 1755. — Hippeau, Ib., IV, 153 (Lettre du 15 mai 1780). — Necker, De l’administration des finances, II, 265, 269, 270, 271, 282. — Augeard, Mémoires, 249.