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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 1, 1909.djvu/367

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NOTES


nouvel état, elle avait eu le plus de peine à s’accoutumer. — Vous ne le devineriez jamais, a-t-elle répondu en souriant ; c’est de descendre seule un petit escalier. Dans les commencements, c’était pour moi le précipice le plus effrayant, j’étais obligée de m’asseoir sur les marches et de me traîner, dans cette attitude, pour descendre. » — « En effet, une princesse qui n’avait descendu que le grand escalier de Versailles en s’appuyant sur le bras de son chevalier d’honneur, et entourée de ses pages, a dû frémir en se trouvant livrée à elle-même sur le bord d’un escalier bien raide en colimaçon. (Telle est) l’éducation ridicule à tant d’égards que reçoivent en général les personnes de ce rang ; dès leur enfance, toujours suivies, aidées, escortées, prévenues, (elles) sont ainsi privées de la plus grande partie des facultés que leur a données la nature. »

(Mme Campan, Mémoires, 1, 18, 28.)

« Madame Louise m’a souvent répété qu’à l’âge de douze ans elle n’avait point encore parcouru la totalité de son alphabet…

Il s’agissait de décider irrévocablement si un oiseau d’eau était maigre ou gras. Madame Victoire consulta un évêque… Celui-ci répondit qu’en un semblable doute, après avoir fait cuire l’oiseau, il fallait le piquer sur un plat d’argent très froid, que, si le jus de l’animal se figeait dans l’espace d’un quart d’heure, l’animal était réputé gras. — Madame Victoire fit aussitôt faire l’épreuve ; ce jus ne figea point. Ce fut une joie pour la princesse qui aimait beaucoup cette espèce de gibier. — Le maigre, qui occupait tant Madame Victoire, l’incommodait ; aussi attendait-elle avec impatience le coup de minuit du samedi saint. On lui servait aussitôt une bonne volaille au riz et plusieurs autres mets succulents. »

(Journal de Dumont d’Urville, commandant du navire sur lequel Charles X quitta la France en 1830. Cité par Vaulabelle, Histoire de la Restauration, VIII, 465.)