font vivre tout le village et l’ont nourri cette année dans la disette. Près de Morley en Barrois, l’abbaye d’Auvey, ordre de Cîteaux, « a toujours été, pour tous les villages qui l’avoisinent, un bureau de charité ». À Airvault, dans le Poitou, les officiers municipaux, le colonel de la garde nationale, quantité de « manants et habitants », demandent à conserver les chanoines réguliers de Saint-Augustin. « Leur existence, dit la pétition, est absolument essentielle tant pour notre ville que pour les campagnes, et nous ferions une perte irréparable par leur suppression. » La municipalité et le conseil permanent de Soissons écrivent que la maison de Saint-Jean-des-Vignes « a toujours réclamé avec empressement sa part dans les charges publiques. C’est elle qui, dans les calamités, recueille les citoyens sans asile et leur fournit la subsistance. C’est elle qui a porté seule la charge de l’assemblée du bailliage, lors de l’élection des députés à l’Assemblée nationale. C’est elle qui loge actuellement une compagnie du régiment d’Armagnac. C’est elle qu’on trouve partout, lorsqu’il y a des sacrifices à faire ». — En vingt endroits, on déclare que les religieux sont « les pères des pauvres ». Dans le diocèse d’Auxerre, pendant l’été de 1789, les Bernardins de Rigny « se sont dépouillés, en faveur des habitants des villages voisins, de tout ce qu’ils possédaient : pain, grains, argent et autres secours, tout a été prodigué envers douze cents personnes qui, pendant plus de six semaines, n’ont cessé de venir se présenter chaque
Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 1, 1909.djvu/82
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
L’ANCIEN RÉGIME