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LE RÉGIME MODERNE


tirage au sort[1]. Mais elle n’était qu’un appoint de l’armée active, une réserve territoriale et provinciale, une troupe de renfort et de seconde ligne, distincte, sédentaire, qui, hors le cas de guerre, ne marchait pas ; elle ne s’assemblait que neuf jours par an ; depuis 1778, on ne l’assemblait plus. En 1789, elle comprenait en tout 75 260 hommes, et leurs noms, inscrits sur des registres, étaient, depuis onze ans, leur seul acte de présence au corps[2]. Point d’autres conscrits sous la monarchie ; en ceci, ses exigences étaient petites, dix fois moindres que celles de la République et de l’Empire, puisque la République et l’Empire, appliquant la même contrainte, allaient lever, avec des rigueurs égales ou pires, dix fois plus de réquisitionnaires ou conscrits[3].

  1. J. Gebelin, Histoire des milices provinciales (1882), 87, 143, 157, 288. — On trouvera dans cet excellent livre la plupart des textes et détails. — Nombre de villes, Paris, Lyon, Reims, Rouen, Bordeaux, Tours, Agen, Sedan, et les deux généralités de Flandre et de Hainaut, étaient exemptes du tirage au sort ; elles fournissaient leur contingent par l’enrôlement de volontaires qu’elles engageaient à leurs frais ; la prime d’engagement était payée par les corps de marchands et d’artisans ou par la communauté des habitants. En outre, il y avait beaucoup d’exemptions, même dans la roture. (Cf. L’Ancien Régime, tome II, 301.)
  2. J. Gebelin, ib., 239, 279, 288. (Sauf les huit régiments de grenadiers royaux de la milice, qui, chaque année, sont assemblés pendant un mois.)
  3. Exemple pour un département. (Statistique de l’Ain, par Rossi, préfet, 1808.) — Nombre des militaires du département en activité : en 1789, 323 ; en 1801, 6729 ; en 1806, 6764. — « Le département de l’Ain a fourni près de 30 000 hommes aux armées, tant réquisitionnaires que conscrits. » — Par suite, on remarque dans la population de 1801 une diminution notable des individus de vingt-cinq à trente-cinq ans. Nombre des individus de vingt à trente ans : en 1789, 39 828 ; en 1801, 35 648 ; en 1806, 34 083.