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LE RÉGIME MODERNE


naire[1], 32 463 817 francs par an à répartir entre 4970 noms, des pensions de 250 à 5000 francs pour tous les légionnaires, des hôtels, des grandes terres, des rentes, une dotation distincte et magnifique pour les plus hauts titrés, une fortune de 100 000 livres de rente et au-dessus pour trente-quatre d’entre eux, une fortune de 450 000 livres de rente pour Cambacérès, de 683 000 livres de rente pour Masséna, de 728 000 livres de rente pour Ney, de 910 000 livres de rente pour Davout, de 1 354 000 livres de rente pour Berthier, outre cela, trois « principautés souveraines », Neuchâtel encore pour Berthier, Bénévent pour Talleyrand, Ponte-Corvo pour Bernadotte. — Dernier appât, qui, en ce temps de morts violentes et prématurées, n’est pas médiocre : aux ambitions prévoyantes, Napoléon, par delà les perspectives viagères et bornées, ouvre les perspectives héréditaires et indéfinies. Chacun des titres qu’il confère, celui de prince, duc, comte, baron, et même celui de chevalier, est transmissible, en ligne directe, par ordre de primogéniture, de père à fils et parfois d’oncle à neveu, sous certaines conditions, dont la première, très acceptable, est l’institution d’un majorat inaliénable, insaisissable, à savoir tel revenu en immeubles, actions de la Banque ou rentes sur l’État, depuis 3000 francs pour les simples chevaliers jusqu’à 200 000 francs pour les ducs, c’est-à-dire une fortune

  1. Edmond Blanc, Napoléon, etc., 276 à 299, 325 et 326. (Liste des titres de prince et de duc conférés par l’Empereur et des dotations de 100 000 francs de rente ou au-dessus.)