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CHAPITRE II

Le public en France. — I. L’aristocratie. — Ordinairement elle répugne aux nouveautés. — Conditions de cette répugnance. — Exemple en Angleterre. — II. Les conditions contraires se rencontrent en France. — Désœuvrement de la haute classe. — La philosophie semble un exercice d’esprit. — De plus, elle est l’aliment de la conversation. — La conversation philosophique au xviiie siècle. — Sa supériorité et son charme. — Attrait qu’elle exerce. — III. Autre effet du désœuvrement. — L’esprit sceptique, libertin et frondeur. — Anciens ressentiments et mécontentements nouveaux contre l’ordre établi. — Sympathies pour les théories qui l’attaquent. — Jusqu’à quel point elles sont adoptées. — IV. Leur propagation dans la haute classe. — Progrès de l’incrédulité en religion. — Ses origines. — Elle éclate sous la Régence. — Irritation croissante contre le clergé. — Le matérialisme dans les salons. — Vogue des sciences. Opinion finale sur la religion. — Scepticisme du haut clergé. — V. Progrès de l’opposition en politique. — Ses origines. Les économistes et les parlementaires. — Ils frayent la voie aux philosophes. — Fronde des salons. — Libéralisme des femmes. — VI. Espérances infinies et vagues. — Générosité des sentiments et de la conduite. — Douceur et bonnes intentions du gouvernement — Aveuglement et optimisme.

I

Encore faut-il que ce public veuille bien se laisser convaincre et séduire ; il ne croit que lorsqu’il est disposé à croire, et, dans le succès des livres, sa part est