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CHAPITRE IV

Construction de la société future. — I. Méthode mathématique. Définition de l’homme abstrait. — Contrat social. — Indépendance et égalité des contractants. — Tous seront égaux devant la loi, et chacun aura une part dans la souveraineté. — II. Premières conséquences. — L’application de cette théorie est aisée. — Motifs de confiance, persuasion que l’homme est par essence raisonnable et bon. — III. Insuffisance et fragilité de la raison dans l’homme. — Insuffisance et rareté de la raison dans l’humanité. — Rôle subalterne de la raison dans la conduite de l’homme. — Les puissances brutes et dangereuses. — Nature et utilité du gouvernement. — Par la théorie nouvelle le gouvernement devient impossible. — IV. Secondes conséquences. Par la théorie nouvelle l’État devient despote. — Précédents de cette théorie. — La centralisation administrative. — L’utopie des économistes. — Nul droit antérieur n’est valable. — Nulle association collatérale n’est tolérée. — Aliénation totale de l’individu à la communauté. — Droits de l’État sur la propriété, l’éducation et la religion. — L’État, couvent spartiate. — V. Triomphe complet et derniers excès de la raison classique. — Comment elle devient une monomanie. — Pourquoi son œuvre n’est pas viable.

I

Considérez donc la société future telle qu’elle apparaît à cet instant à nos législateurs de cabinet, et songez qu’elle apparaîtra bientôt sous le même aspect aux législateurs d’assemblée. — À leurs yeux le montent décisif est