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LA RÉVOLUTION


LIVRE PREMIER

L’ANARCHIE SPONTANÉE


CHAPITRE I

Les commencements de l’anarchie. — I. Première cause, la disette. — Mauvaise récolte. — Hiver de 1788 à 1789. — Cherté et mauvaise qualité du pain. — En province. — À Paris. — II. Deuxième cause, l’espérance. — Dédoublement et relâchement des pouvoirs administratifs. — Enquêtes des assemblées locales. — Le peuple prend conscience de son état. — Convocation des États Généraux. — L’espoir est né. — Coïncidence des premières assemblées et des premiers troubles. — III. Les provinces pendant les six premiers mois de 1789. — Effets de la famine. — IV Intervention des vagabonds et des brigands. — V. Effet des nouveautés politiques. — VI. La première jacquerie en Provence. — Mollesse ou nullité de la répression.

Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1789, le duc de la Rochefoucauld-Liancourt fit réveiller Louis XVI pour lui annoncer la prise de la Bastille. « C’est donc une révolte, dit le roi. — Sire, répondit le duc, c’est une révolution. » L’événement était bien plus grave encore. Non seulement le pouvoir avait glissé des mains du roi, mais il n’était point tombé dans celles de l’Assemblée ; il était par terre, aux mains du peuple lâché, de la foule violente et