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LA RÉVOLUTION


pouvoirs publics, les bandits les mieux avérés et les vagabonds les plus malfaisants ? — À Paris, où, après huit mois d’impunité, l’instruction a commencé contre les pillards qui, le 13 août 1789, ont brûlé les barrières, les officiers de l’élection, « considérant que leurs audiences sont devenues très tumultueuses, que l’affluence du peuple est inquiétante, que l’on a entendu des menaces de nature à donner de justes alarmes », sont contraints de surseoir, en réfèrent à l’Assemblée nationale ; et celle-ci, considérant que, « si l’on autorise les poursuites pour Paris, il faut les autoriser pour tout le royaume », se décide « à voiler la statue de la Loi[1] ».

Non seulement elle la voile, mais encore elle la défait, la refait et la mutile selon les exigences de la volonté populaire, et, en matière d’impôts indirects, tous ses décrets lui sont extorqués. — Dès l’origine, l’insurrection a été terrible contre la gabelle : dans l’Anjou seul, soixante mille hommes étaient ligués pour la détruire, et il a bien fallu abaisser le prix du sel de seize à six sous[2]. Mais cela ne suffit pas au peuple ; il a tant pâti de ce monopole qu’il ne veut pas en souffrir les restes,

    aux réquisitions. » — Lettre du 5 septembre 1790. « Dans le bourg de Thizy, des brigands se sont portés dans divers établissements de filature de coton, les ont détruits en partie, et, après avoir pillé les marchandises, les ont publiquement vendues à l’encan. »

  1. Buchez et Roux, VI. 345. Rapport de M. Muguet, 1er juillet 1790.
  2. Procès-verbaux de l’Assemblée nationale (séance du 24 octobre 1789). — Décret du 27 septembre 1789, applicable le 1er octobre. Autres adoucissements applicables le 1er janvier 1790.