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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


Reste à pourvoir aux charges que défrayait l’octroi supprimé. En 1790, celui de Paris avait produit 35 910 859 livres, dont 25 059 446 pour l’État et 10 851 413 pour la ville. Comment la ville va-t-elle maintenant payer son guet, ses réverbères, le balayage de ses rues et l’entretien de ses hôpitaux ? Comment vont faire les douze cents autres villes et bourgs qui, du même coup, se trouvent dans le même cas ? Comment va faire l’État qui, par l’abolition de la ferme générale, des entrées et des aides, s’est privé tout d’un coup des deux cinquièmes de son revenu ? — Au mois de mars 1790, quand l’Assemblée a supprimé la gabelle et autres droits, elle a établi en remplacement une taxe de 50 millions à répartir sur l’impôt direct et sur les entrées des villes. Par conséquent, à présent que les entrées sont abolies, cette charge nouvelle tout entière retombe sur l’impôt direct. Est-il rentré, et rentrera-t-il ? — Certainement, à travers tant d’émeutes, l’impôt indirect est difficile à percevoir. Pourtant il révolte moins que l’autre, parce que les prélèvements de l’État y disparaissent dans le prix de la denrée, et que le fisc y cache sa main sous la main du marchand. Hier l’employé a passé dans la boutique, présenté son papier timbré : le débitant a payé sans trop de répugnance, sachant que demain il sera remboursé et au delà par le chaland ; la perception indirecte est achevée. S’il y a maintenant difficulté et débat, ce sera entre le débitant et le contribuable qui

    lution, 204. — Maxime du Camp, Paris, sa vie et ses organes, VI, 11.