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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


promet le même sort aux propriétaires qui réclameront leurs rentes. En plusieurs endroits, surtout dans la montagne, les paysans, « considérant qu’ils sont la nation et que les biens du clergé sont nationaux », veulent qu’au lieu de les vendre on les leur partage. Cinquante paroisses, autour de La Souterraine, ont reçu des lettres incendiaires qui les invitent à venir en armes à la ville « pour se faire exhiber par force et au péril de leur sang tous les titres des rentes foncières ». De huit lieues à la ronde, les paysans s’ébranlent au son du tocsin, précédés de leurs officiers municipaux en écharpe ; ils sont plus de quatre mille et traînent avec eux un chariot plein d’armes ; c’est pour reviser et constituer à nouveau la propriété du sol. — Dans la Dordogne[1], des arbitres qui se sont désignés eux-mêmes s’interposent impérieusement entre le propriétaire et le métayer au moment de la récolte, pour empêcher le propriétaire de réclamer et le métayer de fournir la dîme et le rêve : toute convention de cette espèce est interdite ; quiconque dérogera au nouveau système, propriétaire ou métayer, sera pendu. À cet effet, dans les districts de Bergerac, Excideuil, Ribérac, Mussidan, Montignac et Périgueux, les milices rurales, conduites par les officiers municipaux, vont de commune en commune, pour faire signer aux propriétaires leur désiste-

  1. Archives nationales, F7, 3269. — Arrêté du directoire du district de Ribérac, 5 août 1791, et réquisition du procureur-syndic, 4 août. — Lettres du même directoire, 9 et 22 août. — Lettres du procureur-syndic du département, 24 août et 11 septembre. — Lettre du commissaire du roi, 22 août.