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LA RÉVOLUTION


« nationaux sans aucune exception. » — À la vérité le commandant de leur gendarmerie est un ancien garde du corps, et les officiers supérieurs de leur garde nationale sont des gentilshommes ou des croix de Saint-Louis. Mais, visiblement, s’ils se défendent contre les Jacobins, ils ne s’insurgent pas contre l’Assemblée. — Dans Arles qui a dompté sa populace[1], qui s’est armée, qui a fermé ses portes et qui passe pour un foyer de conspiration royaliste, les commissaires envoyés par le Roi et par l’Assemblée nationale, gens circonspects et de poids, ne trouvent, après un mois d’examen, que soumission aux décrets et zèle pour la chose publique. « Voilà, disent-ils, les hommes qu’on a calomniés, parce que, chérissant la Constitution, ils avaient pris en horreur le fanatisme, les démagogues et l’anarchie. Si les citoyens ne s’étaient pas réveillés au moment du danger, ils auraient été égorgés comme leurs voisins (d’Avignon). C’est cette insurrection contre le crime que des brigands ont noircie. » S’ils ont fermé leurs portes, c’est parce que « les gardes nationaux de Marseille, les mêmes qui s’étaient si mal conduits dans le Comtat, accouraient, sous prétexte de maintenir la liberté et de prévenir la contre-révolution, mais en réalité pour piller la ville ». Aux

  1. Archives nationales, F7, 3198. Procès-verbal des officiers municipaux d’Arles, 2 septembre 1791. — Lettres des commissaires du roi et de l’Assemblée nationale, 24 octobre, 14, 17, 21 novembre et 21 décembre 1791. — Par impartialité, les commissaires vont tour à tour à la messe d’un insermenté et à la messe d’un assermenté. Pour la première. « l’église est remplie » ; pour la seconde. « elle est toujours déserte ».