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LA RÉVOLUTION


tiendront plus à exercer leur droit de suffrage. M. de Bussy n’y prétend point ; seulement il essaye de constater qu’il est fidèle à la nation et ne médite rien contre la garde nationale ou le peuple. Dès les commencements Il a proposé aux volontaires de Mâcon de s’affilier à eux, lui et sa petite troupe ; ils ont refusé ; ainsi, de ce côté, la faute n’est pas sienne. Le 14 juillet 1790, jour de la Fédération dans son domaine, il envoie à Villiers tous ses gens, munis de la cocarde tricolore. Lui-même, avec trois amis, il vient à la cérémonie pour prêter le serment, tous les quatre en uniforme, cocarde au chapeau, sans autre arme que leur épée, et une badine à la main. Ils saluent les gardes nationaux assemblés des trois paroisses voisines et se tiennent hors de l’enceinte pour ne pas donner ombrage. Mais ils ont compté sans les préventions et l’animosité des municipalités nouvelles. Perron, l’ancien syndic, est devenu maire ; un autre officier municipal est Bailly, cordonnier du village ; leur conseil est un ancien dragon, probablement l’un de ces soldats déserteurs ou licenciés qui sont les brandons de presque toute émeute. Un peloton de douze ou quinze hommes se détache des rangs et marche vers les quatre gentilshommes ; ils vont au-devant, le chapeau à la main. Tout d’un coup, le peloton les couche en joue, et Bailly, d’un air furieux, leur demande « ce qu’ils viennent f… ici ». M. de Bussy répond qu’ayant été informé de la Fédération, il y vient pour prêter serment, comme les autres. Bailly demande pourquoi il y vient armé. M. de Bussy fait observer « qu’ayant servi, l’épée est insépa-