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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


mentés au serment, fermer leurs églises particulières. — Par occasion, il s’en prend aussi aux partisans des insermentés, aux châteaux, aux maisons opulentes, aux nobles, aux riches, aux propriétaires de toute classe. Par occasion enfin, comme, depuis l’amnistie de septembre 1791, les prisons ont lâché leurs habitants, comme la moitié des tribunaux ne sont pas encore installés[1], comme depuis trente mois il n’y a plus de police, les simples voleurs, les bandits, les gens sans aveu qui pullulent sans répression ni surveillance, se joignent à l’attroupement et remplissent leur sac.

Ici, dans le Pas-de-Calais[2], trois cents villageois, tambour en tête, enfoncent les portes d’un couvent de Chartreuses, volent tout, comestibles, boissons, linges, meubles, effets, pendant que, dans la paroisse voisine, une autre bande opère de même chez le maire et chez l’ancien curé, menace de « tout tuer et brûler », et promet de revenir le dimanche suivant. — Là, dans le Bas-Rhin, près de Fort-Louis, vingt maisons d’aristocrates sont pillées. — Ailleurs, dans l’Ille-et-Vilaine, des milices rurales coalisées vont de paroisse en paroisse, et, gros-

  1. Moniteur, XI, 420 (séance du 18 février 1792), rapport de M. Cahier, ministre de l’intérieur.
  2. Archives nationales, F7, 3250. Déposition des officiers municipaux de Gosnay et d’Hesdiguel (district de Béthune), 18 mai 1792. Six paroisses ont pris part à cette expédition ; la femme du maire eu la corde au cou et a failli être pendue. — Moniteur, XII, 154, n° du 15 avril 1792. — Archives nationales, F7, 3225. Lettre du directoire d’Ille-et-Vilaine, 24 mars 1792, et procès-verbal des commissaires pour le district de Vitré ; lettre du même directoire, 21 avril 1792, et rapport des commissaires envoyés à Acigné, 6 avril.