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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


forte, prêter main-forte à la perception des aides et de la gabelle, qui, vainement réduites, égalisées, transformées par l’Assemblée nationale, ne rentrent plus malgré ses décrets. Ils ont à trouver des fonds pour habiller, équiper, armer la garde nationale, à intervenir entre elle et les commandants militaires, à maintenir l’accord entre ses divers bataillons. Ils ont à défendre les forêts du pillage, à empêcher l’envahissement des communaux, à maintenir l’octroi, à protéger les anciens fonctionnaires, les ecclésiastiques et les nobles suspects et menacés, par-dessus tout à pourvoir, n’importe comment, à l’approvisionnement de la commune qui manque de subsistances, par suite à provoquer des souscriptions, à négocier des achats au loin et jusqu’à l’étranger, à faire marcher des escortes, à dédommager les boulangers, à garnir le marché chaque semaine, malgré la disette, malgré l’insécurité des routes et malgré la résistance des cultivateurs. — C’est à peine si un chef absolu, envoyé de loin et d’en haut, le plus énergique et le plus expert, soutenu par la force armée la plus disciplinée et la plus obéissante, viendrait à bout d’une pareille besogne, et, à sa place, il n’y a qu’une municipalité à qui tout manque, l’autorité, l’instrument, l’expérience, la capacité et la volonté.

Dans la campagne, dit un orateur à la tribune[1], « sur 40 000 municipalités, il y en a 20 000 où les officiers municipaux ne savent ni lire ni écrire ». En effet, le

  1. Moniteur, X, 132, discours de M. de Labergerie, 8 novembre 1791