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LA RÉVOLUTION


tive, décimeront la Convention nationale. — En d’autres termes, la minorité bruyante et factieuse va supplanter la nation souveraine, et désormais rien ne lui manque pour faire ce qui lui plaît quand il lui plaît. Car le jeu de la Constitution lui a donné la réalité du pouvoir, et le préambule de la Constitution lui donne l’apparence du droit.

VI

Telle est l’œuvre de l’Assemblée constituante. Par plusieurs lois, surtout par celles qui intéressent la vie privée, par l’institution de l’état civil, par le code pénal et le code rural[1], par les premiers commencements et la promesse d’un code civil uniforme, par l’énoncé de quelques règles simples en matière d’impôt, de procédure et d’administration, elle a semé de bons germes. Mais, en tout ce qui regarde les institutions politiques et l’organisation sociale, elle a opéré comme une académie d’utopistes et non comme une législature de praticiens. — Sur le corps malade qui lui était confié, elle a exécuté des amputations aussi inutiles que démesurées, et appliqué des bandages aussi insuffisants que malfaisants. Sauf deux ou trois restrictions admises par inconséquence, sauf le maintien d’une royauté de parade et l’obligation d’un petit cens électoral, elle a suivi jusqu’au bout son principe, qui est celui de Rousseau. De parti pris, elle a refusé de considérer l’homme

  1. Décrets du 25 septembre-6 octobre 1791, 28 septembre-6 octobre 1791.