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LA RÉVOLUTION


« nistre de la guerre n’est plus le maître de faire mouvoir les troupes… Aucun ordre n’est exécuté… Tout le monde veut commander, personne ne veut obéir… Comment le roi, le gouvernement et le ministre de la guerre pourraient-ils combiner les besoins des places et l’emplacement des troupes, si les villes se croient autorisées à donner des contre-ordres aux régiments, et à changer leur destination ? » — Bien pis[1], « sur la fausse supposition de brigands et de complots qui n’existent pas, on me demande dans les villes et dans les villages des armes, et même du canon… Bientôt toute la Bretagne sera dans un appareil de guerre effrayant par ses suites : car, n’ayant réellement aucuns ennemis, ils tourneront leurs armes entre eux-mêmes ». — Peu importe ; la panique est une épidémie » ; on veut croire « aux brigands et aux ennemis ». On répète à Nantes que les Espagnols vont débarquer, que des régiments français vont attaquer, qu’une armée de bandits approche, que le château est menacé, qu’il est menaçant, qu’il renferme trop d’engins de guerre. En vain le commandant de la province écrit au maire pour le rassurer, et pour lui représenter que « la municipalité, étant maîtresse du château, l’est aussi de tous les magasins qu’il renferme. Pourquoi donc conçoit-elle des alarmes pour des objets qui sont entre ses mains ? Pourquoi s’étonner qu’il y ait des armes et de la poudre dans un arsenal » ? — Rien

  1. Archives nationales, KK, 1105. Correspondance de M. de Thiard, 11 et 25 septembre, 20 novembre, 25 et 30 décembre 1789.