Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 5, 1904.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
LA RÉVOLUTION


« des départements méridionaux ». — En vain le ministre renouvelle ses injonctions et ses contre-ordres ; le directoire, par un mensonge flagrant, répond qu’il ne sait rien et refuse au gouvernement son concours. — En vain M. de Wittgenstein, commandant général du Midi, s’offre au directoire pour repousser les envahisseurs ; le directoire le requiert de « ne pas entrer avec ses troupes sur le territoire du département[1] ». — Cependant, le 29 mars, les Marseillais ont fait brèche à coups de canon dans Arles sans défense ; ses fortifications sont démolies ; une taxe de 1 400 000 livres est levée sur les propriétaires. Au mépris du décret de l’Assemblée nationale, les Monnaidiers, les hommes du port, toute la basse plèbe a repris ses armes et tyrannise la population désarmée. Quoique « le commissaire du roi et la majeure partie des juges soient en fuite, on instruit par jurés des procédures contre les absents », et les jurés sont des Monnaidiers[2]. Les vainqueurs em-

  1. Dampmartin (témoin oculaire), II, 60 à 70. — Archives nationales, F7, 3196. — Lettre des deux commissaires délégués au ministre, Nîmes, 25 mars 1792. — Lettre de M. de Wittgenstein au directoire des Bouches-du-Rhône, 4 avril 1792. — Réponse et arrêté du directoire, 5 avril. — Rapport de Bertin et Rébecqui aux administrateurs du département, 3 avril. — Moniteur, XII, 379. Rapport du ministre de l’intérieur à l’Assemblée nationale, 4 avril.
  2. Moniteur, XII, 408, séance du 16 mai. Pétition de M. Fossin, député d’Arles. — Archives nationales, F7, 3196. Pétition des Arlésiens au ministre, 28 juin. — Lettres de M. Lombard, commissaire provisoire du roi, Arles, 6 et 10 juillet. « Il n’est aucun individu ni propriété qui aient été respectés depuis plus de trois mois par ces gens qui se parent du masque du patriotisme. »