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LA RÉVOLUTION


d’autres, tués dans les rues, sont lancés dans le canal de la Sorgues ; cinq cents familles se sauvent. Les bandits licenciés rentrent en foule, et les assassins en chef, intrônisés par le meurtre, instituent, au profit de leur bande refaite, un brigandage légal dont personne ne se défend plus[1].

Ce sont là les amis des Jacobins d’Arles et de Marseille ; voilà les hommes honorables que M. d’Antonelle est venu haranguer dans la cathédrale d’Avignon[2] ; tels sont les purs patriotes, qui, la main dans le sac et les pieds dans le sang, saisis sur le fait par une armée française, démasquée par une procédure scrupuleuse, condamnés par le cri universel des électeurs délivrés et par le jugement réfléchi des nouveaux commissaires médiateurs[3], sont compris par l’Assemblée législative dans

    ciers municipaux assassinés sont au nombre de six. Ils avaient été nommés aux termes du décret, ils étaient le produit de la volonté du peuple au moment de la révolution : ils étaient donc patriotes. » — Buchez et Roux, XII, 420. Procès-verbal de la commune d’Avignon, sur les événements du 16 octobre.

  1. Archives nationales. Lettres des commissaires civils députés par la France (MM. Beauregard, Lecesne et Champion) au ministre, 8 janvier 1792. (Longue et belle lettre exposant, avec faits à l’appui, la différence des deux partis, et réfutant les calomnies de Duprat. Le parti opprimé se composait, non de royalistes, mais de constitutionnels.)
  2. Ib., F{7, 3197. Lettres des trois commissaires, 27 avril, 4, 18 et 21 mai 1791.
  3. Trois cent trente-cinq témoins avaient été entendus dans le procès. — Dampmartin, I, 266. Entrée de l’armée française à Avignon, le 16 novembre 1791 : « Toutes les personnes riches, à l’exception, d’un très petit nombre, avaient pris la fuite ou péri. Les belles maisons étaient en général vides et fermées. » — Élections pour nommer la nouvelle municipalité, 26 novembre 1791. Sur 2287 citoyens actifs, le maire Levieux de Laverne obtient