dans la Convention gardera ses gestes d’assommeur ; deux ou trois étrangers et aventuriers, bons pour les besognes meurtrières et qui se servent du sabre ou de la baïonnette sans crier gare. — Le premier est un Italien, maître d’anglais, Rotondo, émeutier de profession, qui, convaincu de meurtre et de vol, finira en Piémont par la potence. — Le second est un Polonais, Lazowski, ancien élégant, joli fat qui, avec une facilité slave, est devenu le plus débraillé des sans-culottes : jadis pourvu d’une sinécure, puis jeté brusquement sur le pavé, il a crié dans les clubs contre ses protecteurs qu’il voyait à bas ; on l’a élu capitaine des canonniers du bataillon Saint-Marcel, et il sera l’un des égorgeurs de septembre ; mais son tempérament de salon n’est pas assez fort pour son rôle de carrefour, et il mourra au bout d’un an, brûlé de fièvre et d’eau-de-vie. — Le troisième est un autre tueur en chef de septembre, Fournier, dit l’Américain, ancien planteur, qui de Saint-Domingue a rapporté le mépris de la vie humaine : « avec sa face livide et sinistre, ses moustaches, sa triple ceinture de pistolets, son langage grossier, ses jurons, il a tout l’air d’un pirate[1] ». À côté d’eux on rencontre un petit avocat bossu, Cuirette-Verrières, parleur intarissable, qui, le 6 octobre 1789, paradait sur un grand cheval blanc et depuis a plaidé pour Marat : à ces deux titres,
- ↑ Mme Roland, Mémoires, II, 38.
fabriquée chez lui en 1789, 1790 et 1791 n’a pas été vendue, mais donnée au peuple : en conséquence, il se fait donner quittance de 49 603 francs que lui réclamaient les liquidateurs de la ferme générale pour droits non payés sur cette bière.