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LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


son courage et son armée sont le dernier refuge. La majorité sent qu’en le livrant elle se livre elle-même, et, par 400 voix contre 224, elle l’absout. — De ce côté encore, la stratégie des Girondins s’est trouvée fausse. Pour la seconde fois, le pouvoir leur échappe ; ni le roi ni l’Assemblée n’ont consenti à le leur remettre, et ils ne peuvent plus le laisser suspendu en l’air, différer jusqu’à une meilleure occasion, faire attendre leurs acolytes jacobins. Le fragile lien par lequel ils tenaient en laisse le dogue révolutionnaire s’est rompu entre leurs mains : le dogue est lâché et dans la rue.

III

Jamais on n’a mieux travaillé pour autrui : toutes les mesures, par lesquelles ils croyaient ressaisir le pouvoir n’ont servi qu’à le livrer à la populace. — D’un côté, par une série de décrets législatifs et d’arrêtés municipaux, ils ont écarté ou dissous la force armée qui pouvait encore la réprimer ou l’intimider. Le 29 mai, ils ont licencié la garde du roi. Le 15 juillet, ils renvoient de Paris toutes les troupes de ligne. Le 16 juillet[1], ils choisissent, pour « composer la gendarmerie à pied, les ci-devant gardes françaises qui ont servi la révolution à l’époque dut 1er juin 1789, les officiers, sous-officiers, canonnier et soldats qui se sont réunis sous les dra-

    que la Constitution de 1791 et ne parlait des républicains que comme on parle de fous extrêmement honnêtes. »

  1. Duvergier, Collection des lois et décrets, 29 mai 1792, 15 juillet, 16-18 juillet, 6-20 juillet.