« vre, surmontées d’une grosse touffe de cheveux gras, avec des yeux enfoncés à mi-tête… Ils jetaient, avec leurs haleines nauséabondes, les plus grossières injures, au milieu des cris aigus de bêtes carnassières. » — Parmi eux, on distingue « ces sabreurs du 2 septembre, que je compare, dit un observateur[1] bien placé pour les connaître, à des tigres oisifs qui lèchent en murmurant leurs griffes, pour y découvrir encore quelques gouttes du sang qu’ils viennent de verser, en attendant le nouveau ». Bien loin de se cacher, ils tiennent le haut du pavé. L’un d’eux, Petit-Mamain, fils d’un aubergiste de Bordeaux et ancien soldat, « figure blême et tirée, les yeux étincelants, l’air audacieux, avec un cimeterre au côté et une paire de pistolets à la ceinture[2] », se promène au Palais-Royal, « accompagné ou suivi de loin par d’autres individus de son espèce », et « se mêle à toutes les conversations ». — « C’est moi, dit-il, qui ai éventré la Lamballe et qui lui ai arraché le cœur… Tout mon regret est que le massacre ait été si court, mais il recommencera ; laissez seulement passer quinze jours. » Et, là-dessus, il se nomme tout haut, par défi. — Un autre, qui n’a pas besoin de dire son nom trop connu, Maillard, le président des massacres à l’Abbaye, tient son quartier général rue Favart, au café Chrétien[3] : de là, tout en lampant des petits verres, « il lance
Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 6, 1904.djvu/178
Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
LA RÉVOLUTION