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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


ciale au-dessus des autorités régulières, ils ne les souffrent qu’à titre de subordonnées, et n’en tolèrent pas qui puissent devenir des rivales. En conséquence, ils ont réduit le corps législatif à n’être que le rédacteur et le héraut de leurs décrets ; ils ont forcé les nouveaux élus du département à « abjurer leur titre », à se borner à la répartition des impôts, et journellement ils mettent leurs mains ignorantes sur les services généraux, finances, armée, subsistances, administration, justice, au risque d’en briser les rouages ou d’en interrompre le jeu.

Aujourd’hui, ils mandent devant eux le ministre de la guerre, ou, à son défaut, son premier commis ; demain, c’est tout le personnel de ses bureaux qu’ils tiennent en arrestation pendant deux heures, sous prétexte de chercher un imprimeur suspect[1]. Tantôt ils posent les scellés sur la caisse de l’extraordinaire ; tantôt ils cassent la

    cice de ses droits, » envoie une députation à l’Assemblée nationale pour exiger que le nouveau département « soit converti purement et simplement en commission des contributions ». — Mortimer-Ternaux, III, 25. Discours de Robespierre au nom de la Commune : « Quand le peuple a sauvé la patrie, quand vous avez ordonné une Convention nationale qui doit vous remplacer, qu’avez-vous à faire qu’à satisfaire son vœu ?… Le peuple, forcé de veiller à son propre salut, a pourvu à sa sûreté par ses délégués… Il faut que ceux qu’il a choisis lui-même pour ses magistrats aient toute la plénitude du pouvoir qui convient au souverain. »

  1. Procès-verbaux de la Commune, 10 août. — Mortimer-Ternaux, III, 155. Lettre du ministre Servan, 30 août. — Ib., 149. — Ib., 148. La commission des subsistances ayant été cassée par la Commune, Roland, ministre de l’intérieur, prie l’Assemblée de prendre des mesures promptes, car « il ne répond plus des subsistances de Paris ».