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LA RÉVOLUTION


10 août, se sont perpétués et s’aggravent sous la Convention[1]. « Dans presque toutes les sections[2], ce sont les sans-culottes qui occupent le fauteuil, qui ordonnent l’intérieur de la salle, qui disposent les sentinelles, qui établissent les censeurs et reviseurs. Cinq ou six espions habitués de la section, soldés à 40 sous, y sont depuis le commencement jusqu’à la fin de la séance ; ce sont des gens à tout entreprendre. Ces mêmes hommes sont encore destinés à porter les ordres d’un comité de surveillance à l’autre,… de sorte que, si les sans-culottes d’une section ne sont pas assez forts, ils appellent ceux de la section voisine. » — En de pareilles assemblées, les élections sont faites d’avance, et l’on voit comment toutes les places électives demeurent par force ou arrivent forcément aux mains de la faction. À travers les velléités hostiles de la Législative et de la Convention, le conseil de la Commune est parvenu d’abord à se maintenir

  1. Schmidt, I, 96. Lettre de Lauchou au président de la Convention, 11 octobre 1792 : « De sa pleine autorité, la section de 1792 a arrêté, le 5 de ce mois, que les personnes en état de domesticité pourraient voter dans nos assemblées primaires… Il serait bon que la Convention nationale trouvât moyen de persuader aux habitants de Paris qu’eux seuls ne composent pas la république entière. Cette idée, quoique absurde, ne laisse pas de se réaliser tous les jours. » — Ib., 99. Lettre de Damour, vice-président de la section du Panthéon, 29 octobre : « Le citoyen Paris… a dit que lorsque la loi blesse l’opinion générale, il ne faut plus y avoir égard… Ces perturbateurs, qui veulent à toute force attraper des places, soit à la municipalité, soit ailleurs, causent les plus grands vacarmes. »
  2. Ib., I. 223. Rapport de Dutard, 14 mai.